Le jointoiement d'un mur en pierre est une étape essentielle pour sa durabilité et son esthétique. Un joint correctement réalisé assure une protection optimale contre les intempéries (pluie, gel, vent), prévient les infiltrations d'eau, renforce la stabilité du mur et améliore son isolation thermique. Un mauvais jointoiement, en revanche, peut entraîner des dégâts importants : fissures, effritement, problèmes d'humidité coûteux à réparer. Ce guide complet détaille les techniques professionnelles pour un jointoiement optimal, quel que soit le type de mur en pierre.

Préparation du chantier : inspection, matériaux & outils

Avant de commencer le jointoiement, une préparation méthodique est indispensable. Elle comprend l'inspection minutieuse du mur, le choix des matériaux appropriés et la sélection des outils nécessaires.

Inspection du mur : évaluation de l'état

L'inspection doit être exhaustive. Elle vise à identifier : le type de pierre (grès, calcaire, schiste...), sa porosité et sa résistance; l'état des joints existants (décollements, fissures, présence de végétaux ou de sels); l'ampleur des dégradations (fissures, écaillage, effritement). Un relevé photographique détaillé est conseillé. Il est crucial de noter la présence de fissures importantes qui nécessiteront une réparation préalable au rejointoiement. Par exemple, des fissures de plus de 5 mm de large nécessitent souvent une intervention spécifique avant l'application du mortier.

Choix des matériaux : mortiers adaptés

Le choix du mortier est crucial pour la longévité du joint. Plusieurs options existent, chacune avec ses propriétés spécifiques :

  • Chaux aérienne NHL 2, 3.5 ou 5: Perméable à la vapeur d'eau, idéale pour les murs anciens et les pierres poreuses. Elle permet une bonne respiration du mur et limite les risques de fissuration. Le choix du type (NHL 2, 3.5 ou 5) dépend de la résistance mécanique souhaitée.
  • Chaux hydraulique CLAIR ou NHL 5 : Plus résistante que la chaux aérienne, elle convient aux murs exposés aux intempéries. Elle offre une meilleure résistance à la compression et à la traction.
  • Ciment : Offre une résistance élevée, mais sa faible perméabilité à la vapeur d'eau peut être problématique pour les pierres poreuses. À utiliser avec précaution et de préférence en mélange avec de la chaux.
  • Mortiers spécifiques pour pierre : Formulés pour des applications spécifiques, ils offrent souvent une meilleure adhérence et une meilleure résistance aux intempéries. Ces mortiers sont souvent composés de liants hydrauliques et de charges minérales, permettant un meilleur respect de l'esthétique et de la perméabilité du mur.

Pour un résultat optimal, privilégiez un mortier à faible retrait, limitant ainsi les risques de fissures.

Outils et équipements : sélection professionnelle

Un équipement adapté est essentiel pour un travail précis et efficace. Voici une liste des outils nécessaires :

  • Truelles (différentes tailles)
  • Couteau à joint (pour le nettoyage et la finition)
  • Marteau et burin (pour enlever les anciens joints)
  • Brosse métallique (pour le nettoyage des pierres)
  • Seau et malaxeur (pour le mélange du mortier)
  • Règle et niveau (pour le contrôle de l'horizontalité et de la verticalité des joints)
  • Gabarits (pour des joints réguliers et uniformes)
  • Eponge et seau d'eau (pour le nettoyage)
  • Pistolet à joint (pour les grands chantiers)

Pour les grands murs, l’utilisation d’outils pneumatiques peut significativement accélérer le travail. Le choix des outils dépendra de l'ampleur du chantier et de la complexité du travail.

Nettoyage des joints : préparation essentielle

Avant l'application du nouveau mortier, un nettoyage minutieux des anciens joints est crucial. Il faut retirer complètement le mortier dégradé, les débris, les herbes, les racines et autres éléments organiques. On utilisera des outils comme le burin, le couteau à joint et la brosse métallique. Un jet d’eau basse pression peut compléter le nettoyage, en veillant à ne pas endommager la pierre. Un nettoyage complet garantit une meilleure adhérence du nouveau mortier et prévient les problèmes futurs. Un nettoyage incomplet peut compromettre l'adhérence du nouveau mortier et entrainer des problèmes d'humidité à court ou moyen terme.

Techniques de jointoiement : mise en œuvre professionnelle

Le choix de la technique de jointoiement dépend de l’aspect esthétique recherché, du type de pierre et de l’exposition du mur aux intempéries. Chaque technique requiert un savoir-faire spécifique et des outils adaptés.

Préparation du mortier : consistance et proportions

La préparation du mortier est essentielle pour la qualité du jointoiement. Il faut respecter scrupuleusement les proportions de liant (chaux, ciment) et de sable indiquées par le fabricant. Le malaxage doit être homogène, pour obtenir une consistance sans grumeaux. La consistance optimale varie en fonction de la technique employée : un mortier plus ferme pour les joints profonds, un mortier plus fluide pour les joints superficiels. Respecter le temps de prise du mortier est primordial pour une bonne adhérence et une résistance optimale. Un temps de prise trop court ou trop long peut compromettre la qualité du joint.

Techniques de mise en œuvre : joints creux, plats, bombés…

Voici les techniques les plus courantes :

  • Joints creux : Laisser un espace vide (environ 1 à 2 cm) entre le mortier et la pierre. On utilise des cales pour maintenir cet espace. Cette technique favorise la ventilation et réduit le risque de moisissures.
  • Joints plats : Le mortier est appliqué à fleur des pierres. Technique simple et économique, idéale pour un aspect minimaliste.
  • Joints bombés : Le mortier est légèrement bombé (environ 1 à 1,5 cm de large). Cette technique offre une meilleure protection contre la pluie et le vent.
  • Joints à sec (mur en pierre sèche) : Technique ancestrale sans mortier. Nécessite un savoir-faire exceptionnel pour assurer la stabilité du mur.

Pour toutes les techniques, il est crucial de nettoyer les surplus de mortier avant qu'il ne durcisse, en utilisant une éponge humide ou un couteau à joint. L'utilisation de gabarits permet d'obtenir des joints réguliers et esthétiques, garantissant un aspect uniforme sur toute la surface du mur. Pour les murs de plus de 2 mètres de haut, il est recommandé de travailler par sections afin d'éviter les déformations et de garantir la régularité des joints.

Traitement des fissures et dégradations : réparation préalable

Avant le jointoiement, il est impératif de traiter les fissures et les dégradations. Pour les fissures superficielles (< 5 mm), un mortier de réparation adapté peut suffire. Pour les fissures plus profondes, une injection de résine expansive est souvent nécessaire. Les pierres fortement dégradées doivent être remplacées par des pierres de même type et de dimensions similaires pour préserver l'harmonie du mur. Ce travail de maçonnerie préalable est crucial pour la réussite du rejointoiement et la longévité de la structure. Une mauvaise réparation peut entraîner une nouvelle dégradation à court terme. En moyenne, la réparation de fissures représente environ 20% du coût total du rejointoiement pour les murs anciens.

Techniques spéciales : murs en pierre sèche, pierres de taille...

Le jointoiement de murs en pierre sèche demande une expertise particulière, car la stabilité du mur repose sur l’équilibre des pierres. Le rejointoiement de pierres de taille requiert une grande précision et une finition impeccable. La présence de végétation dans les joints nécessite un traitement préalable (élimination des racines) avant le jointoiement pour éviter une reprise de végétation. Dans certains cas, l'application d'un produit herbicide peut être nécessaire.

Finition et entretien : longévité du jointoiement

Une finition soignée et un entretien régulier garantissent la longévité du jointoiement et la préservation du mur.

Finition des joints : nettoyage et lissage

Une fois le mortier pris, nettoyer les surplus avec un couteau à joint ou une éponge humide. Lisser les joints pour obtenir une surface uniforme et esthétique. Un travail de finition minutieux améliore significativement l’aspect général du mur. Pour des joints particulièrement irréguliers, un léger ponçage peut être nécessaire après séchage complet. Le nettoyage final doit s'effectuer une fois le mortier complètement sec, environ 72 heures après l'application.

Protection du mur : traitements hydrofuges et anti-mousse

Après le jointoiement, appliquer un produit hydrofuge pour protéger le mur contre l'humidité et les intempéries. Ce traitement réduit la pénétration de l’eau dans la pierre, augmentant ainsi la durée de vie du mur et du jointoiement. L'application d'un produit anti-mousse et anti-lichen est également recommandée pour prévenir la croissance de végétaux sur la surface. L’application de ces traitements doit se faire selon les recommandations du fabricant, en respectant les temps de séchage entre les différentes couches. Un traitement hydrofuge de qualité peut prolonger la durée de vie du mur d'au moins 10 ans.

Entretien régulier : surveillance et nettoyage

Un entretien régulier prévient les dégradations et prolonge la durée de vie du jointoiement. Un nettoyage régulier à l'eau et une brosse douce permet d’éliminer les saletés et la végétation. Il est crucial de surveiller régulièrement l'apparition de nouvelles fissures. Un traitement rapide des fissures empêche leur aggravation. Un entretien régulier, combiné à une application périodique d’un traitement hydrofuge, permettra de maintenir un mur en pierre en excellent état pendant de nombreuses décennies.

Un jointoiement professionnel, réalisé avec les techniques et les matériaux appropriés, assure la beauté et la longévité de votre mur en pierre pour les années à venir.